Vers le
soleil levant pour une virée souterraine ...
Pour ce début d'année ma destination aura été le Laos. En effet,
invité à participer à une expédition spéléologique, j'ai pu
découvrir un magnifique pays et
explorer, parfois en première, de vastes et belles cavités.
Sabai
dee
Après un long voyage, via Paris, Bharein,
Bangkok et NakhonPhanom, nous arrivons sur les berges du Mékong d'où
nous pouvons
apercevoir dans les brumes du petit matin les montagnes karstiques du
Laos. Une fois les formalités d'immigrations effectuées nous
embarquons pour la traversée du fleuve qui fait déjà plus d'un
kilomètre de large.
Arrivés au Laos, ce que l'on remarque en premier c'est le contraste avec
la Thaïlande, pourtant toute proche,
tant au niveau des maisons que des routes, commerces ou tuk-tuk (triporteur à
moteur). L'accueil, quant à lui est toujours agréable et malgré la
barrière de la langue, toutes les transactions se font avec le sourire.
De Thakhek, nous prenons deux camionnettes et par des pistes de plus en
plus défoncées nous nous dirigeons vers l'est. Après plusieurs heures
dans la poussière, nous arrivons au village de Ban Nom Ping (village des
sangsues) où nous devons loger
pendant une dizaine de jours. C'est
sous les regards curieux des enfants que nous déchargeons les véhicules
et installons le camp.
Ce
petit village perdu tout au fond de la province de Khammouane est situé
à vingt minutes d'une belle rivière, la Xé Ban Fai. Rivière dont près
de 7 kilomètres sont souterrains. De belles explorations en perspective.
Les habitants
vivent principalement de la chasse et de la cueillette. Quelques champs
dans les poljes (dépressions) et aux abords de la rivière sont
cultivés pour le riz. Les maisons en bambous sont toutes sur pilotis,
construction classique au Laos.
Nous explorons la grotte de l'Ermite, sortie fossile
de la Xé Ban Fai, située quelques 70 mètres plus haut. La galerie est
majestueuse, magnifiquement ornée de colonnes gigantesques, gours de
plus d'un mètre de haut.
C'est par une descente de 60 mètres que nous
rejoignons la partie active du réseau et c'est en bateau pneumatique
que
nous retrouvons la sortie après 700 mètres de navigation.
La navigation
sur cette rivière est fantastique ! L'eau noire se confond avec le noir
immense de la galerie que nos éclairages
puissants arrivent à peine à dessiner .
Le
porche de sortie de cette gigantesque résurgence mesure plus de 60
mètres de haut pour autant en largeur. Le débit de la rivière, en cette
période sèche est d'environ 5 m3/s.
Après plusieurs heures de marche en suivant de vagues traces à travers la jungle et
les lapiaz, accompagnés de deux
guides, nous arrivons devant le porche de la grotte des hirondelles (Tham
En) . Plus de 2 kilomètres
de vastes galeries nous emmènent toujours plus profond dans les
calcaires dévoniens. Les températures y sont plus clémentes que
chez nous en France et les bains volontaires ou non ne sont pas craints.
Par contre, aux alentours des entrées et même sous les porches, il faut
se méfier et éviter les rencontres désagréables avec les araignées, scorpions,
serpents et autres myriapodes ....
Un
camp avancé de 4 jours dans le jungle, sur la partie amont de la
Xé Ban Fai, nous a permis d'explorer les galeries hautes de cette grotte
et de finir d'explorer la grotte des nuages. Dans cette cavité,
un phénomène assez particulier y a été observé : par endroits, la
galerie se
charge de vapeur d'eau à saturation et provoque l'apparition d'un nuage
de plusieurs centaines de mètres de longueur qui remplit le haut de la
galerie. Ce nuage est si épais qu'il est quasiment impossible de s'y
repérer. Les galeries de cette partie fossile (sauf en période de
mousson) sont l'ancien cours souterrain de la Xé Ban Fai. Les
dimensions sont telles, qu'il n'est pas rare de s'y perdre.
Le
retour au village se fera par la rivière après une navigation de plus de
4 heures. Plusieurs rapides obligent à accoster ( en évitant les écueils
!) et a transporter notre frêle esquif sur quelques
centaines de mètres. Lors d'un embarquement, un bouillonnement sous
le bateau ... une belle déchirure me jette immédiatement à l'eau.
Après réparation, la navigation reprend.
La fin du séjour approche et nous partageons avec tout le village, la
fête qui nous est donnée en signe de bienvenue. Traditionnellement,
après les discours d'accueil, nous partageons la bière de riz avec
les villageois (bière qui est aspirée deux par deux avec un roseau directement dans
une jarre) . Nous remettons aux maîtresses d'école
des cahiers et crayons et les personnalités du village nous attachent
aux poignets, des brins de coton en signe d'amitié et aussi pour nous porter
chance.
Nous quittons ce village pour aller vers l'ouest explorer une nouvelle
contrée. Nous logeons cette fois dans le temple du village de Ban
Thaatot. Dans ce secteur seule la grotte Marie Cassan, explorée sur plus
de 2 kilomètres, est connue. Le karst est vaste et les premières
prospections y sont encourageantes.
La fin du séjour arrive et c'est avec
beaucoup de regret
que nous sommes obligés de quitter ce pays et surtout ces habitants. Mais
l'espoir d'y revenir demeure.